Merci Laura !

Après douze années d'engagement généreux et assidu à la tête de l'hospitalité Sainte Colette, Laura nous quitte pour s'investir dans d'autres secteurs. Merci Laura pour la douceur avec laquelle tu nous as accueillis, petits et grands; merci pour tes nombreuses compétences mises au service des hôtes, afin d'offrir à chacun un séjour agréable, spirituel, serein. Que le Seigneur bénisse ta route !'

Chère Laura, après plus de dix années dans la gestion de l’hospitalité, l’accueil des hôtes et l’accompagnement des bénévoles, tu t’apprêtes à t’envoler pour de nouveaux horizons… Te souviens-tu de ta première rencontre avec le monastère ?

J’ai en tête deux moments différents : la toute première fois s’est passée lors de mon entretien de présentation au poste. On était trois filles, on était rentrées par la porte du n°3. On était persuadées que c’était un hôtel (ce qui était indiqué sur l’annonce internet) mais on s’est retrouvées dans un monastère… On était très nerveuses ! Quand j’ai appris que j’avais été choisie, je suis revenue quelques jours avant la réouverture de l’hospitalité. La sœur m’avait ouvert la porte, et ensuite elle me laissait circuler toute seule. Moi, j’avais une très mauvaise orientation, et j’avais vraiment du mal à retrouver le chemin pour redescendre à l’accueil... Je me souviens avoir frappé aux parloirs, avoir cherché et finalement avoir demandé mon chemin à la sœur… !

Le tout premier jour où l’activité a repris, j’avais peur, car les lieux n’étaient pas encore rentrés dans ma tête, je n’avais rien compris de ce qu’il se passait ici… Je me souviens qu’il y avait les parents d’une sœur, ils ont été très gentils, ensuite un ami de la communauté donc je me sens en confiance. Ce jour-là est arrivé aussi une famille italienne, et donc je leur ai demandé : « Vous aussi vous êtes de la famille des sœurs ou des amis ? » Ils n’ont pas compris ma question et m’ont dit que non, et en fait c’était moi qui n’avais pas compris que c’était un lieu qui recevait tout le monde, et pas seulement la famille ou des amis des sœurs… !

Pour sourire un peu, aurais-tu un ou deux fioretti à nous raconter ?

Il y en a eu beaucoup…

En 2012, pendant l’été, j’ai accueilli une famille française avec beaucoup d’enfants et je les ai accompagnés jusqu’à leur chambre. Peu après, un garçon de 7-8 ans est revenu à l’accueil tout seul pour me demander des choses, et après, il m’a regardé en me demandant : « Est-ce que tu es une clarisse ? » Je lui ai répondu que non, alors il m’a demandé à nouveau : « Mais alors qu’est-ce que tu es ? » Je lui ai répondu : « Je suis une personne un peu comme ta mère ! », j’ai vu qu’il était un peu déçu !

Et une autre, juste pour rire, parce qu’à l’accueil, on a vraiment de tout : il y a quelques années, on a accueilli un monsieur qui venait souvent. Cette fois-ci, il était venu avec son fils et occupait une chambre à Béthanie (sans terrasse ni balcon). Ils sont restés quelques jours, et quand ils sont partis, on pensait qu’ils rentreraient chez eux. Mais le lendemain, cet homme nous a appelées en disant qu’ils étaient toujours à Assise, mais qu’ils avaient changé de logement. Il s’était rendu compte qu’il avait oublié ses slips et ses chaussettes dans le jardin : il les avait accrochés sur les arbustes près du mur d’enceinte, après les avoir lavés… On est allées les récupérer et on a retrouvé quelques branches habillées de chaussettes et de slips. Ils étaient maintenant bien secs, sous la chaleur estivale… On a beaucoup ri, mais surtout espéré que personne ne les ait vus !!

Peux-tu nous transmettre en quelques mots ce que l’expérience t’a apporté ?

C’est une question à laquelle je pourrais répondre de manière plus précise et consciente dans quelques mois, lorsque j’aurai un peu de recul… Mais je peux déjà dire que j’ai été et je suis enrichie grâce à la rencontre de la culture française et la culture canadienne. J’ai eu l’impression d’habiter dans les deux pays (France et Italie) : quand j’étais au monastère, je me sentais plongée dans la culture française, je me sentais en France, vraiment, et quand je ressortais, je me disais : « ok, je suis en Italie ! » J’ai beaucoup aimé ça, parce que je trouve qu’il est important de connaitre d’autres cultures, d’autres façons de concevoir les choses, de penser, saisir les différences, pour s’améliorer ou simplement pour élargir nos horizons.

Cette expérience m’a donné la possibilité de mieux me connaitre, de connaitre mes compétences et d’en acquérir, et bien sûr en même temps, de mieux connaitre mes limites et mes défauts aussi… 

Ces années m’ont offert plein de belles rencontres avec les hôtes, les bénévoles, beaucoup de belles amitiés, de relations, et j’ai pu grandir aussi au niveau spirituel, de façon directe ou indirecte, grâce à la communauté des clarisses… Je suis sûre que je suis beaucoup plus riche que la petite Laura qui avait commencé à travailler en 2010 !

Plus d’une dizaine d’années, et de très nombreuses personnes aux chemins variés… Cela t’a marquée ?

Il y a trois choses qui m’ont accompagnée et fascinée constamment :

  • Les nombreux pèlerins qui ont fait étape, ou qui ont concluent leur pèlerinage à pied au Monastère d’Assise. Les centaines, et souvent les milliers de km parcourus avec leur propre sac à dos, seuls ou à deux, pour atteindre la destination finale : Assise, Rome, l’Alverne, Jérusalem… Mais sûrement en parallèle à ce chemin extérieur, une route qui creuse et qui se déploie aussi au plus profond de soi-même. Le courage d’un côté, et la confiance en la Providence de l’autre.

  • Les familles françaises, souvent avec beaucoup d’enfants. Leur ouverture à la vie, leur confiance, l’espérance… La beauté et la joie de transmettre leur foi aux plus petits. Je me rappellerai toujours des nombreux enfants qui, à la file indienne dans l’escalier, suivaient leurs parents à la chapelle pour aller prier complies.

  • Les jeunes français et leur foi si enracinée en eux. Il ne s’agit pas de suivre la tradition, mais de choisir de vouloir suivre le Christ. Un engagement manifesté de façons différentes dans la vie quotidienne.

Je tiens à remercier tous ceux que j’ai eu la grâce et la joie de connaitre pendant toutes ces années.
Et surtout, je voudrais remercier profondément les sœurs, de m’avoir choisie il y a 12 ans, pour leur confiance et de m’avoir permis de rentrer en quelque sorte dans la « vie » de leur Maison.

Laura